Hier je donnais une conférence à l’ONU et Obama m’a demandé comment je faisais pour ne pas être ennuyé par les brutes du net, ces gens avec les capacités intellectuelles d’une tong en mousse, mais malheureusement omniprésents. Du coup, comme je suis un gars sympa, je lui ai offert mon aide. Et comme je suis encore plus sympa, je vais partager ça avec vous.
(c’est complètement faux, mais je trouve que ça faisait une bonne intro).

Si vous parcourez quotidiennement le net, il ne fait aucun doute que vous avez déjà été inscrit sur un forum, ou au moins laissé un commentaire sur un site ou sur les réseaux sociaux. Dès lors, la probabilité que vous ayez été confronté à un bully (une brute, en anglais. Souvenez-vous, ce sont des conseils destinés à Obama, au départ) est encore plus élevée que le pourcentage de chances que la tartine tombe sur la face beurrée. Et comme l’ami Barack, il est possible que vous vous soyez trouvé fort dépourvu, non pas quand la bise fut venue, mais face à tant de médiocrité et de méchanceté gratuite et inexplicable. Et c’est normal. Ça fait toujours ça la première fois. Et les fois suivantes.
Mais n’ayez crainte, je vais aujourd’hui vous apporter quelques billes pour appréhender ces situations et mieux vous défendre.

Avant-propos

Le premier conseil me vient directement de ma maman, qui -sans être un puits de sciences- a un jour eu cette réflexion très juste : « Le meilleur des mépris, c’est l’ignorance. » Je la soupçonne de l’avoir volé à quelqu’un, mais il parait que c’est ce que font les plus grands artistes… et le gouvernement. Oulah, ça va pas digresser comme ça, tout de suite.
Reprenons. Le meilleur des mépris, c’est l’ignorance, donc.
En gros, le mec qui sort un message affligeant ne mérite aucune réponse. Selon son niveau d’évolution, il s’arrêtera plus ou moins rapidement si personne ne lui répond jamais.

Bien entendu, il existe certains bullies qui s’accrochent, qui sont gorgés d’une telle haine inexplicable que dès qu’ils ont trouvé une cible, il l’agrippent et la secouent dans tous les sens comme mon chien quand il joue avec sa pieuvre en peluche. A vous de voir si vous êtes une pieuvre en peluche ou un être intelligent.

Avant de savoir comment se défendre, il convient de définir à qui l’on est confronté. De longues années de recherches hyper sérieuses et d’analyses approfondies (comprenez « environ dix minutes avec une boite de Pringles sur les genoux » ) m’ont permises de définir un certain nombre de catégories principales, que nous allons voir ensemble tout de suite. Non parce que faire ça une autre fois, ce serait complètement idiot.

Le Bescherellophobe

Loin de moi l’idée de faire une généralité, mais force est de constater que la plupart du temps (j’ai dit « la plupart », pas systématiquement, calme-toi), le bully a énormément de mal à s’exprimer de façon claire à l’écrit. Fautes de syntaxe et/ou d’orthographe, grammaire déplorable, règles de base complètement ignorées, mauvaise foi et refus absolu de faire le moindre effort, tout est fait pour faire saigner des yeux toute personne respectant la langue de Molière (ça veut dire « la langue française », pour ceux qui ne suivent pas). Peut-être que leur colère et leur haine leur viennent justement de cette difficulté à être compris, d’un manque d’amour de leur parents, ou d’un manque d’attention à l’école, pour ceux qui y sont allés au lieu de chasser le gibier à mains nues en forêt, en bons enfants sauvages qu’ils devaient être. Mais nous ne sommes pas là pour juger, et Mowgli a tout autant le droit d’exister que Stephen Hawking. C’est juste qu’il aurait mieux valu lui mettre un arc et des flèches entre les mains (ou un kazoo), qu’un clavier et une connexion Internet. Mais bon. Liberté, égalité, tout ça.
Un Bescherellophobe vous agressera déjà par sa façon de s’exprimer, mais aussi et surtout par ses propos généralement dénués de réflexion structurée, du genre « Té tro 1 con ai tu di 2 la merde LOLILOL! MDRRRRRRR!!!!! Moua jeu sait mieu ke toi parsk jlé lu sur Gogole ! »
Généralement, quand on lit un commentaire posté par un Besherellophobe pour la première fois, on a à peu près ce genre de réaction :


L’idée est, avec le temps, d’arriver à prendre du recul, pour avoir ce genre de réaction spontanée :

Tout dépend du temps que vous avez déjà passé sur Internet et du nombre de spécimens auxquels vous avez été confrontés.
Mais la question subsiste : Comment vous défendre face à une attaque aussi surprenante que déstabilisante ?

– L’approche pas sympa (mais facile)
Cela consiste à pointer du doigt ses limitations (intellectuelles et orthographiques), tel Nelson dans les Simpson. C’est efficace, mais attention, ça peut vous attirer les foudres de plein d’autre monde, et en plus c’est pas très Karma-friendly. Ça défoule, c’est rapide et expéditif, mais ça ne montre pas vraiment une intelligence émotionnelle élevée. Perso, je déconseille.

– L’approche « mise à niveau »
Elle consiste à, comme son nom l’indique, se mettre au niveau de l’agresseur, en lui répondant quelque chose qu’il pourra comprendre, dans son style à lui.
Ex : « Mé coman tu ma tro bi1 KC ! MDRRRRR !!! T tro un bogoss de la bogossitéy. Jeu main cline deux vent tan 2 surpuiçansse. Bravot ai mersi. »
Vous noterez la présence des nombreux « R » à MDR qui, selon une théorie que j’ai élaborée, sont inversement proportionnels au QI de la personne qui les écrit. Après cette réponse, vous l’ignorez. L’estocade est faite, pas besoin de le piquer encore et encore pendant qu’il se vide comme un goret. Son cerveau va se court-circuiter tout seul en essayant d’assimiler ce qui vient de se produire.

Bon, lui, c’est le plus courant. Voyons maintenant deux autres spécimens, tout aussi folkloriques.

Le Stalker

C’est le gars qui va passer des heures de SA vie à chercher des infos sur VOTRE vie. Messages sur d’autres forum, photos, vieilles casseroles… Il va surtout sortir tout ce qu’il trouve de son contexte, et juste chercher à vous casser sur de vieux sujets, car il n’aura rien trouvé d’actuel. Il poste généralement un long message qui se veut incriminant. Il est amusant de constater que ce genre de spécimen souffre assez souvent de Bescherellophobie, et multiplie les fautes plus vite que Jésus les pains ou Dieudonné les procès.
Oui, c’est pathétique.

Mais comme le mec a le QI d’une brique de lait caillé, il est tout fier et croit vraiment vous avoir tué. Pauvre petite chose innocente. Si vous savez comment vous défendre, le gars, c’est pas un bâton qu’il vient de tendre, mais un chêne entier.

Réponses possibles :
– Réponse polémique (aussi appelée réponse « dommages collatéraux »)
Elle a pour but de créer une diversion. Vous lui répondez en impliquant autre chose, connu d’un grand nombre, en le critiquant. Bien menée, elle fera rire les gens intelligents et lancera un nouveau débat, dans lequel votre agresseur sera perdu.
Ex : « Je suis impressionné par un tel travail de recherche. C’est du très haut niveau journalistique, tu devrais postuler chez [insérez ici le nom d’un site que vous n’aimez pas]. »
Les défenseurs de ce site vont se mettre à hurler, et ceux qui pensent comme vous viendront se joindre à la bataille. Sortez le popcorn, et installez-vous.

– La réponse « et ta mère elle fait quoi dans la vie ?© »
Un classique indémodable, facile et qui a pour but de faire marrer tous ceux qui assistent au truc. C’est par contre la solution la moins intelligente, donc à vous de voir si vous acceptez de vous rabaisser à ce niveau.
Ex : « C’est fou le temps que tu as dû passer à récupérer toutes ces infos alors qu’il aurait suffi que tu demandes à ta mère, elle en a plein des histoires à te raconter sur moi. »

– La réponse intelligente
Elle a pour but de fracasser le bully, de démontrer universellement la vacuité de son existence et de mettre fin au débat. Car après ca, même si le mec essaye d’en rajouter, il sera deja tellement décrédibilisé auprès des autres, que ce qu’il dira n’aura plus aucun crédit (si tant est qu’il en ait eu avant).
Ex : « Félicitations, tu as consacré du temps et de l’énergie à faire des recherches sur moi, ça a du te prendre un temps fou. Je vais éviter d’imaginer ton quotidien, j’aime pas déprimer. Merci en tout cas pour l’admiration que tu me portes. Je suis flatté mais un peu gêné. »

C’est comme le Maxwell Qualité Filtre, ce n’est pas la peine d’en rajouter.

Le Marin

Le marin, c’est le mec qui ne connait qu’une façon de dialoguer : les insultes, menaces et grossièretés toutes plus haineuses et énormes les unes que les autres. Ce genre d’indésirable est légion sur Internet, notamment sur les forums, où il a l’impression d’être une créature mystique toute puissante.

Généralement, quand vous le rencontrez dans la vraie vie, le gars baisse la tête et fait profil bas. Mais sur Internet, c’est Hitler. Avec lui, pas la peine d’essayer de discuter ni d’entrer dans le débat. Les connexions neuronales ne se font pas, et sa structure cérébrale est semblable à celle d’un galet des plages des Sables d’Olonne. Il ne sait s’exprimer que par la haine pure et cristalline, que par la colère explosive. Son cerveau a cessé de fonctionner depuis bien longtemps et a laissé sa place à une sorte de compote de fiente semi-solide. Plus vous allez lui répondre, plus il va s’enrager et devenir violent. C’est généralement lié à un traumatisme dans l’enfance, un rapport à la mère et au plus vieux métier du monde, ou le fait d’avoir dû porter la perruque pour être la petite amie de papa.

Pour ce genre-là, du coup, il est impératif d’adopter la première méthode dont je vous parle, celle de l’ignorance absolue. Sur les réseaux sociaux, allez jusqu’à le bloquer, tout comme sur les forums sur lesquels vous en avez la possibilité. Ne faites pas comme le pauvre Dieudonné, en pensant pouvoir répondre par la provocation, ou vous êtes partis pour un paquet de nuits blanches.
Si par erreur vous êtes entré en conflit avec un Marin, alors il n’y a vraiment qu’une seule solution :

– L’approche civilisée
Répondre comme un adulte doué de raison lorsqu’on est face à quelqu’un qui s’excite tout seul est effectivement une façon rapide de mettre fin au débat. À défaut de disparaitre, le bully va se lasser après quelques messages, penser qu’il vous a vaincu dans une joute verbale, ne jamais évoluer, et aller faire chier son monde ailleurs.
Ex : « Je comprends votre détresse, malheureusement je ne suis ni psychologue, ni psychothérapeute, ni psychiatre, ni agent social. Je suis, dès lors, dans l’incapacité de vous venir en aide. Je vous souhaite de réussir à trouver le bonheur, sur cette route longue et difficile, que nous devons tous emprunter.
Bien cordialement. »

Une brute ne sait pas comment enregistrer ce genre d’information, qu’elle prendra d’abord comme une insulte, et y répondra violemment, avant de sombrer dans un état d’incompréhension total. Ne prêtez pas attention à sa réponse, vous avez fait votre part et lui avez exprimé votre désir de ne plus communiquer avec elle. Ce qui viendra après de sa part ne sera plus que du vent. Un no-life jouant seul au squash contre un mur, sans balle ni raquette.
En effet, il n’y a rien de pire pour un bully que de voir qu’il ne suscite ni haine, ni peur, ni rien du tout d’ailleurs, chez la ou les personnes qu’il tente d’agresser. L’ignorance est bien la meilleure défense, à long terme, contre ce genre d’énergumène.

Bien entendu, cet article n’est pas exhaustif et ne présente pas toutes les catégories de bullies qui pullulent sur le Net, mais seulement les trois plus fréquentes. Attention aussi à ne pas confondre bully et troll. Les deux espèces devraient être traitées au Baygon, certes, mais toutes deux sont totalement différentes.

Vous avez été confronté à un type de brute non répertorié ici et avez besoin d’aide ? Ou une solution à partager avec les autres ? Dites-le dans les commentaires ! Ensemble, mettons fin au cyber-bullying !

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Pour finir, comme vous pouvez le constater, vous énerver ne sert à rien. Céder à la panique ou à la peur non plus. Vous faites face à une personne dont le but ultime dans la vie est d’essayer d’exister virtuellement, a défaut d’exister socialement. Un parasite. Et vous savez comment on se débarrasse d’un parasite ? On prend un cachet et on expulse l’indésirable par le fion. PAR. LE. FION.

Et pendant qu’il finit sa triste vie dans les tuyaux menant aux égouts, vous, vous être en train de kiffer la life, la vraie, celle sans écran et clavier.

Les personnes dépeintes dans cet article sont des personnages de fiction. Toute ressemblance avec une personne vivante ou ayant existé serait purement fortuite. Sauf Skeletor. Lui, c’est le vrai Skeletor.