
À l’ère de la 4K, il existe quelques irréductibles gamers qui jouent encore à des consoles cartouche, sur de vieux tubes cathodiques. Ici, pas de potion magique, mais bien souvent de l’huile de coude, pour garder ses machines et jeux en bon état, et surtout beaucoup de place pour stocker les centaines de cartouches qu’on peut avoir dans une collection.
Pourtant, il existe de nombreuses alternatives aux machines originales, souvent rares et/ou chères, et aux écrans cathodiques qui commencent à souffrir des affres du temps. L’une de ces alternatives vient de l’émulation, ce procédé qui permet de jouer à des jeux d’une machine donnée, sur une autre machine. Plus ou moins légal, plus ou moins toléré, l’émulation est un sujet à débat au sein des communautés de gamers. Mais comme perso je me tiens le plus loin possible de toute forme de communautarisme, je m’en tamponne un peu.
« Y Z’ONT PRIS NOT’ RECETTE ! »
Collectionneur, je possède la plupart de ces machines retro… dans des placards. J’ai des cartons de jeux qui je n’ai pas ouvert depuis des années, parce que bien souvent, le temps de tout ressortir, je n’ai plus envie de jouer. Et tout laisser sorti, tout le temps, ça prend beaucoup beaucoup trop de place.
Du coup, l’émulation est un concept qui, selon moi, permet une certaine portabilité d’un loisir qui peut vite être encombrant.
Mon Macbook est équipé d’Openemu, pour mes éventuels déplacements, mais ça reste mon outil de travail. J’avais envie d’une console qui me permette de retrouver tous les jeux qui m’ont fait kiffer, enfant et ado, sur ma télé, et qui prenne le moins de place possible. Un truc qui puisse rester sur un coin de meuble télé sans faire tâche, tout en restant discret. Un objet de curiosité que je pourrai emporter chez des potes.
En juin dernier, je présentais ici même ma version de la Pitento Entertainment System, une mini NES avant la mini NES officielle de Nintendo, et qui avait la particularité d’émuler tout un tas de choses.
Je vous présente aujourd’hui une sorte de version X.0 de ce premier projet.
Tout a changé, ou presque. Cette fois, je ne me suis pas contenté de mettre simplement un Raspberry Pi dans un coffrage en Lego et d’y ajouter une manette plus ou moins random. Non. J’ai eu envie de faire les choses bien, d’imaginer un produit qui aurait pu sortir dans le commerce. Cela incluait donc une boite, une notice, et des accessoires cohérents.
UN SUPER NIN-TEN-DO !
Qu’est-ce donc que cette Super Feeltendo ? – me demandez-vous. Il s’agit d’une sorte de mini console de jeux, fonctionnant en HDMI, et compatible avec les roms de tout un tas de vieux systèmes. Si le sujet de l’utilisation de roms est bien entendu épineux (je vous rappelle qu’il est interdit d’utiliser des roms de jeux dont vous ne possédez pas les originaux), il ne sera pas abordé ici au delà de ces quelques lignes, car il ne s’agit pas du cœur du projet.
J’ai donc utilisé un Raspberry Pi, ce mini-ordinateur à peine plus gros qu’une carte de crédit, dans lequel j’ai installé la distribution Recalbox, un OS dédié au jeu et qui émule tout un tas de machines.
Nintendo : NES / Famicom / FDS / Super Nintendo / Gameboy / Gameboy Color / Gameboy Advance / Virtual Boy / Game & Watch
Sega : SG1000 / Master System / Megadrive / 32X / Mega CD / Game GearAtari : 2600 / 7800 / LynxSNK : Neo Geo / Neo Geo CD / Neo Geo Pocket Color
NEC : PC Engine / Super Grafx / PC Engine CD
Autres systèmes : Vectrex / MSX2+ / ScummVM / Wonderswan Color
Et même les meilleurs jeux Arcade !
J’en profite d’ailleurs pour féliciter ses auteurs, qui ont réalisé un travail de fou et continuent encore à la mettre à jour.
Bravo les gars, ce projet n’aurait pas été réalisé sans vous.
Les fleurs sont envoyées, on peut reprendre.
J’ai donc calé ce petit appareil dans une cartouche Super Nintendo, non sans jouer quelque peu du scalpel et de la dremel pour faire du vide à l’intérieur. Il a aussi fallu découper la coque et utiliser quelques petites dérivations pour avoir les bons ports au bons endroits, et pour charcuter la cartouche le moins possible.
OK, MAIS ÇA FAIT QUOI, TON TRUC ?
Alors celles et ceux qui n’ont aucune idée de ce que je raconte se demandent sans doute bien ce qu’on peut faire avec ça. Et bien c’est assez simple. La Super Feeltendo vous permet de retrouver tout un tas de machines et de jeux, en naviguant très simplement dans un menu. Les habitués de Netflix, par exemple, ou des menus des consoles dernière génération, ne seront pas dépaysés.
On choisit sa console, puis son jeu, on le lance, et c’est parti !
(La vidéo n’est pas de moi)
Fait intéressant, vous pouvez ici sauvegarder votre partie à tout moment, que le jeu original dispose de cette fonction ou pas.
On peut aussi -et c’est là ce qui rend Recalbox difficilement attaquable par les pro-materiel original- utiliser des filtres graphiques, qui redonnent l’aspect bombé de l’image qu’on pouvait avoir avec une vieille télé, les couleurs plus ou moins baveuses, et tout un tas d’autres options sympathiques, avec une facilité déconcertante.
Au delà du plaisir immédiat d’une telle fonction, on se demande pourquoi elle ne figure pas dans TOUS les remakes pseudo HD que les éditeurs nous font payer des fortunes aujourd’hui.
Ouais, ça balance pas mal, et pourtant on n’est pas à Paris. Comprenne qui pourra.
« J’Y METS UNE CARTOUCHE ! »
Sur d’autres projets, on peut voir des personnes utiliser Recalbox pour émuler des machines telles que la PS1, mais j’avais pour ma part envie de rester sur du retro cartouche. De la même façon, les manettes que j’utilise peuvent fonctionner en Bluetooth, mais je choisis de les brancher en filaire, là encore pour coller à l’esprit « à l’ancienne ». En même temps, c’est mon projet, vous allez pas commencer à faire chier, je fais bien c’que je veux.
Alors bien entendu, cette cartouche n’a plus rien à faire dans une Super Nintendo, puisqu’elle est devenue une console de jeux à proprement parler. Il n’y a donc plus qu’à la raccorder au secteur et à une prise HDMI, à y brancher les deux manettes 8BitDO (de superbes reproductions haut de gamme des manettes originales de la SNES), ou plus si on a envie de retrouver le bonheur de jeux à 4 pendant une soirée pizza, auquel cas je n’ai qu’un hub USB à ajouter, et c’est parti !
LESS IS MORE
En ce qui concerne l’habillage, j’ai eu envie d’une part de rendre hommage à la Super Famicom (la Super Nintendo version japonaise) en reprenant l’idée du visuel de la boite d’origine de la console, sortie en 1990 au Japon, mais aussi de proposer un truc le plus épuré possible.
Nous avons donc une boite à rabat, entourée d’un fourreau que j’ai réalisé et fait imprimer.
À l’intérieur de la boite, on retrouve tous les éléments utiles au bon fonctionnement, comme ce serait le cas si nous étions face à un produit officiel.
J’RAMÈNE MA CONSOLE !
Me voilà donc en possession d’une toute petite machine qui offre tout un tas de possibilités, légère, très peu encombrante, et facilement transportable. Je peux prendre la boite dans mon sac quand je vais voir des potes, et faire découvrir des jeux et des expériences à tout un tas de personnes. Et non, ce n’est pas sale.
Vous êtes chiants, on avait réussi à tenir tout un article à peu près sérieusement.