
Bon alors malgré les avis mitigés, je suis allé voir Pacific Rim, hier soir. J’avais un peu peur parce qu’un ami qui s’y connait encore mieux que moi en matière de Kaijus, de Mechas et de combats de géants en pleine ville avait trouvé ça scandaleusement mauvais. Mais je voulais quand même savoir.
9€ et 5 heures plus tard (le temps que m’a semblé durer le film), je ressortais de la salle, un goût amer en bouche.
Donc non, je n’ai pas aimé, mais alors pas du tout. Et voici pourquoi (je suis sympa, je vous préviendrai quand les spoilers vont arriver) :
Donc déjà, le propos du film, c’est la guerre entre les humains et les Kaijus, ces monstres venus d’on ne sait où, pour foutre le dawa sur terre. Premier problème, il n’y a pas de Kaijus dans le film. Il y a bien des monstres géants, designés par un mec en manque cruel d’inspiration, mais certainement pas de vrais Kaijus dans la plus pure tradition japonaise.
Pour rappel, un Kaiju, c’est ça :

Mais Dans Pacific Rim, on a le droit à des clones de reptiles à tête de pioche. C’est moche, c’est pas inspiré, c’est nul. Sincèrement, les seuls qui ressemblent réellement à des Kaijus, sont le premier, qu’on voit dans l’intro et qui clamse en 10 secondes et un autre qu’on voit durant un flashback, dans une ville ravagée au Japon. Tous les autres, c’est de la merde. Dans Pacific Rim, Del Toro veut nous faire rêver avec ça :
Et ben c’est pas gagné.
Le design des robots n’est pas beaucoup plus réussi non plus et si le choix d’utiliser deux pilotes pour les faire fonctionner est original, il est juste totalement foiré. On nous vend dès le début le fait que les deux pilotes sont cérébralement synchronisés et qu’ils doivent donc faire exactement les mêmes mouvements en même temps, ce qui ne les empêche pas de passer le temps à se tourner pour se parler, à bouger les bras indépendamment, etc. J’entends un crétin qui me hurle dans le fond « Mais c’est qu’un détail ! » Et je lui demanderai gentiment de se rasseoir et de la fermer, c’est ma review, pas celle de quelqu’un qui n’aime pas assez le cinéma de genre pour reconnaitre que Pacific Rim est un gâchis absolu de 250 Millions de dollars.
Bon allez, on va rentrer dans le vif du sujet et attaquer la partie avec les spoilers éventuels. Vous êtes prévenus.
Vous vous souvenez comme j’expliquais que le cast d’Atlantic Rim semblait n’en avoir rien à foutre d’être dans un film ? Et bien étonnamment, la plupart des acteurs de Pacific Rim s’en branlent aussi. À commencer par Marshall, le chef des gentils, aimable comme une porte de prison et accessoirement hémophile. Ce qui ne veut pas dire qu’il aime les ados mal coiffés qui chialent tout le temps et écrivent des poèmes sur la mort en écoutant Tokio Hotel, mais bien qu’il passe son temps à saigner du pif. Bon, ben on sent bien que l’acteur aurait préféré être ailleurs, tant il a l’air de se faire chier tout le temps.
Mais la palme d’or du j’m’en-foutisme revient à Ron Perlman, qui n’avait sans doute pas lu le script avant de se retrouver dans cette daube, et nous le fait bien sentir. Parce que bon, pourquoi respecter des gens qui payent dix balles pour aller voir un film, hein ? On a le droit à une performance digne de Depardieu dans Mission Cléopatre, un truc grand-guignolèsque, totalement raté, qui plus est. Déjà que son personnage est inutile, mais en plus il se paye le luxe d’être insupportable. Ah et Del Toro a cru bon d’ajouter une scène post-générique. Vous pensez qu’on va voir un Kaiju sortir d’un trou, genre caché, pour amener vers une nouvelle éventuelle menace ? Et ben non. Faux. Nul. À la place, on a le personnage de Perlan, qui sort du bide d’un bébé Kaiju qui l’a bouffé plus tôt dans le film et qui s’exclame « Mais où est ma chaussure ?! »
Véridique.
Les mecs ont fait ça comme scène d’après générique. Aucune honte. Humour Bourvil dans un film de monstres à 250 millions de dollars. Et des gens ont ri, dans la salle.
Monde de merde.
Et le problème, c’est que ça n’est pas la seule chose inutile qu’on peut trouver dans ce film. TOUS les clichés y sont présents, même ceux qui n’ont rien à voir avec le postulat de Pacific Rim. C’est ainsi qu’on a le droit à une scène de kung-fu, où le héros affronte tout un tas d’autres pilotes, armé d’un bâton, pour qu’il puisse trouver qui sera son co-pilote. Qu’on m’explique alors pourquoi il ne lui font affronter que des gars qui sont DÉJÀ pilotes de mechas ! Putain ça n’a aucun sens, c’est absurde et on se croirait dans un mauvais remake de Matrix. Sincèrement, malgré les effets spéciaux et la CG bien chère, j’avais souvent l’impression d’être devant un direct-to-video des années 90 et tous ses codes éculés.
Le gentil général qui fait croire qu’il est méchant mais qui va se sacrifier pour sauver le monde, la bombe à lâcher automatiquement mais dont le système automatique foire à la dernière seconde, forçant le héros à l’activer manuellement, l’humour potache, le duo qu’on devine dès le début, le super pilote qui est un connard mais qui quand même à la fin reconnait le talent du héros… ZERO Originalité, 100% réchauffé. Tout ça était déjà cheesy dans les années 80, alors imaginez maintenant.
Scénar bidon, prétexte à un fourre tout indigeste, Pacific Rim n’est rien de plus. On voit les ficelles arriver à trois kilomètres, c’est long, c’est chiant, c’est convenu… Sincèrement j’ai regardé ma montre plus d’une fois.
A un moment, j’ai eu envie de mourir. Là, sur place, pour que tout s’arrête. Non, parce que comme j’y étais avec ma femme et des potes, quitter la salle m’était impossible.
Quelque part dans le film (durant les cinq premières heures, de mémoire), on nous montre un des Kaijus qui défonce un mur tout pourri, érigé par des gars qui n’ont visiblement jamais entendu parler de la taille et de la puissance des Kaijus avant, pour le faire si petit et si fragile. Et là le général, il dit que quand même ils sont devenus vachement balèzes, les Kaijus.
Montée en puissance de la pression !
Le temps presse et le général doit envoyer ses derniers pilotes, pour endiguer la fin du monde, contre les ordres des dirigeants des Nations Unies, qui eux pensent qu’un mur en tôle sera suffisant pour empêcher les streums de ravager la planète. C’est con, un dirigeant des Nations Unies, quand même.
Bref. Le calvaire continue. Jean-Jacques, le héros, finit par obtenir que ça soit la petite japonaise soumise (parce que sinon le cliché n’aurait pas été parfait) qui soit sa co-pilote, parce que même si on nous explique au début du film que c’est archi compliqué de trouver un copilote compatible, ben elle elle l’est à 100%. Et là ils vont donc dans le robot miraculeusement réparé duquel le frère du héros s’est fait extraire par un Kaiju au début du film ? Vous suivez ? Non ? C’est pas grave.
Et là, c’est le drame. Lorsque qu’elle se connecte avec Jean-Jacques, on la voit, petite fille, âgée de 6 ans tout au plus, errant seule dans une ville du Japon dévastée par un Kaiju. Oui, seule, parce que tout le reste de la population a mystérieusement disparu. Et elle, elle a perdu une chaussure et la tient dans sa main. Cherchez pas, c’est pour le symbole. Et donc, alors qu’elle va se faire démonter par un gros crabe géant, arrive un Mecha qui défonce ce dernier ! Et qui c’est qui sort du Mecha ? Le général qui saigne du nez ! Whaaa putain c’est trop fort, c’est pour ça qu’il la protégeait depuis le début, comme un père adoptif ? J’AURAIS JAMAIS DEVINÉ !
Et du coup, lorsqu’elle se connecte avec Jean-Jacques, ben elle revit son cauchemar et elle pète un câble et manque de détruire la base d’un coup de canon plasma. Parce que bien-sûr, ce genre de robots à plusieurs millions de dollars n’a aucune sécurité contre ça. Bien-sûr. Ça tombe sous le sens. Du coup le général la punit et elle et Jean-Jacques n’ont plus le droit de monter dans leur robot. Chié, ils vont faire comment pour sauver le monde, maintenant ?
Arrive alors le pilote star de la base, Iceman Chuck, interprété par un mec qui ressemble en plus vaguement à Val Kilmer (histoire de nous enfoncer la caricature avec deux doigts bien dans le fond de la gorge). Il dit que quand même c’est pas bien de laisser des amateurs piloter et il traite carrément la petite japonaise avec sa coupe au carré de salope. Non mais dis ! Jean-Jacques il trouve pas ça cool, donc il demande à Iceman Chuck de dire pardon. Iceman Chuck refuse et les deux se collent allègrement des bourre-pifs dans la gueule et finissent au sol avec une prise de JJB, parce que le Jiu Jitsu Brésilien, c’est cool et c’est à la mode.
QUEL FILM DE FOU ! TELLEMENT D’ACTION ! TELLEMENT DE PRESSION !
Mais Pacific Rim, ça n’est pas que de l’action moisie et déjà vue mille fois avant, c’est aussi des personnages pathétiques et fades. C’est ainsi qu’on nous présente un duo de scientifiques, dont l’un est un hipster hyperactif et tatoué (encore une caricature, tiens) et l’autre un mathématicien frustré et sans doute puceau, échappé du château de Frankenstein. Le duo marche aussi bien qu’un sèche cheveux dans une piscine et les blagues tentées tombent toutes… à l’eau, justement. C’est nul et chaque fois qu’on les revoit ensemble, on sait qu’on va souffrir.
L’un d’eux (le hipster) a la brillante idée d’utiliser la technologie de connexion des pilotes pour se connecter à un bout de cerveau de Kaiju, maintenu en vie ! Et il découvre quoi ? Les Kaijus sont venus sur terre pour nous tuer ! Oh ben merde, celle-là on l’avait pas vue venir… J’ai quand même rarement eu autant l’impression d’être pris pour un con en allant voir un film au ciné.
On se demande vraiment ce qui est passé par la tête de celui qui a écrit le scénar et qui visiblement serait mieux chez Carrefour, à empiler des conserves de petits-pois. Concernant les dialogues, je ne sais pas s’il faut rire ou pleurer, tant le niveau est abyssal et mièvre. Sans déconner, je pense qu’ils ont été écrits par une ado emo de 14 ans, ou récupérés directement sur un Skyblog. Morceau choisi :
– « Avant, je vivais dans le passé. Mais maintenant, grâce à toi, je sais qu’il y a un avenir… » Mais on s’en brannnnnnnle de ça ! Va tuer des monstres, putain, t’es là pour ça. Pas pour brain fucker ta copilote.
J’ai vomi.
Je pourrais continuer en vous racontant le film, mais comme vous le savez, ça n’est pas le but de ma review. D’autres le font très bien. Voici donc, parce que ça commence à faire long, les autres choses qui m’ont fait grincer des dents dans cette purge :
– On nous saoule tout le film à nous dire que c’est super compliqué de trouver deux pilotes compatibles, que si ça marche pas ils peuvent pas piloter, voire clamser, etc, etc. Ça n’empêche pas le Général de remplacer le père de Iceman Chuck, quand celui-ci a le bras cassé ni d’envoyer péter les doutes de Iceman Chuck, toujours, d’un simple « Moi je n’ai aucun souvenir, aucune émotion. Je n’emmène rien dans le drift (le nom donné à la méthode de connexion des deux cerveaux). Et puis toi de toutes façons, je t’ai cerné dès la première seconde. T’es qu’une petite merde pleine d’orgueil, un fils à papa. Allez, hop, en voiture, Simone ! »
FOUTAGE DE GUEULE ÉPIQUE. Son raisonnement n’a absolument aucun sens, ça chie sur tout ce qui a été fait avant dans le film et on ne nous explique jamais pourquoi lui n’a ni souvenirs si sentiments s’il décide de ne pas en avoir. Alors que si le mec avait partagé sa technique miracle, il serait beaucoup plus simple de créer des paires de pilotes, voir de piloter seul ! Mais non, le Général c’est juste un gros connard.
– On doit voir de la baston de robots, MAXIMUM une demi heure dans tout le film. Une demi heure sur quoi, deux heures trente ? J’ai pas payé pour voir des mécanos visser des boulons sur un pied de robot. J’ai payé pour voir des putains de Mechas défoncer des Kaijus tout droit sortis de nos pires cauchemars. Et je n’ai rien eu de ça.
– Pacific Rim est un film qui pisse sur les lois de la physique, permettant par exemple des combats sous l’eau aussi fluides que sur terre. A un autre moment, un des robots se retrouve quasiment dans l’espace, parce qu’il se fait botter le cul par un Kaiju qui vole, le laissant ravager toute une ville avant qu’un des pilotes se souvienne qu’ils ont une épée cachée dans l’avant-bras du robot et que ça pourrait être sympa de s’en servir pour lui couper une aile. Genre ils pouvaient pas s’en servir avant ? Ben non, parce que scénaristiquement parlant, il fallait une montée en puissance… Au secours. Et donc à ce moment-là, le robot fait une putain de chute libre, d’au dessus des nuages jusqu’au centre d’un terrain de foot, et arrive tranquille, en fléchissant à peine les genoux. REALLY?!
Pour un film qui vante l’importance des mathématiques, et donc par extension de la science, je trouve qu’ils se foutent drôlement bien de notre gueule.
Pour résumer, ce film n’est rien d’autre qu’une insulte de plus faite à la culture du Japon et à tous ceux qui sont fans de Kaijus, de Mechas et par extension de Seintaïs. Une bonne grosse tarte dans la gueule. Dix balles le bitchslap, quand même. Sincèrement, n’importe quel épisode des Power Rangers est bien plus respectueux de ce que sont les Kaijus et les Mechas que cette sombre escroquerie, qui va une fois de plus foutre des idées biaisées dans la tronche des gens qui n’y connaissent rien.
Je commence à en avoir plein le cul que Hollywood viole tout ce que j’aime. Au cas où, j’ai enfermé ma femme dans un bunker, et j’ai bouffé la clé.
Del Toro s’il te plait, restes-en à faire des films de ton univers. Et n’insulte pas l’intelligence de gens qui apprécient ton travail. Pan c’était vachement bien. Pacific Rim, c’est un des pires exemples de ce qu’on peut faire avec un budget indécent.
Pour finir, si vous voulez un bon film de Kaijus et comprendre ce que c’est réellement et ce que ça représente, culturellement, au Japon, faites-vous plaisir et regardez Big Man Japan (Attention toutefois, c’est WTF à mort) :
Beuhargh.
c'est d'ailleurs pour cette raison que je me suis borné à mater ce gros navet en qualité screener avec gros son pourri : ça m'a permis de faire plein de trucs que j'avais sur le feu en même temps…
Ça mérite pas mieux.
J'avais lu cet article bien avant de mater le film et je m'étais dit "non c'est sûrement très très abusé genre critique facile" … et ben non, enfin vu ce soir et c'est effectivement mauvais de chez mauvais. C'est comme si j'avais vu un remake d'ID4 mais au moins dans ID4 on voyait des morts chez les civils. Un vrai gâchis.